Emilie de Vialar et « sa Cause de Canonisation »
En juin 1856 Emilie de Vialar quittait Paris qu’elle voyait pour la dernière fois, ainsi que les membres de sa famille qui y résidaient.
La voyant toujours aussi active, ses Sœurs s’imaginaient qu’elles la garderaient longtemps encore. Cependant, elle ne devait pas voir la fin de cette année. Le 22 août elle fut prise d’une violente douleur, provoquant autour d’elle consternation et anxiété. Le médecin donna son diagnostic: une hernie étranglée, un mal contre lequel on n’avait pas alors les remèdes de la chirurgie moderne. On peut en voir l’origine dans le fait qu’Emilie, pour servir ses pauvres, avait porté un sac de blé trop lourd pour elle. Elle en souffrit, en conséquence, toute sa vie, mais n’en souffla jamais le moindre mot. Les docteurs ne se firent pas d’illusions sur son état, et le 23 août elle recevait les Derniers Sacrements. Ses filles étaient totalement désemparées, tout-à-fait incapables d’envisager le fait qu’elle leur soit enlevée. Le lendemain, 24 août 1856, entourée de ses filles en pleurs, Emilie, dans une paix profonde, s’en alla à la Rencontre du Seigneur qu’elle avait aimé et si fidèlement servi toute sa vie.
La nouvelle se répandit de bouche à oreille, dans tout Marseille : la sainte est morte ! Les Sœurs étaient littéralement désemparées par ce coup imprévu, et pendant quelque temps complètement découragées. La Congrégation avait tellement besoin d’elle ! Mais elles se remirent bientôt de ce choc du début ! Elles allèrent consulter le Curé d’Ars, dont la réputation de sainteté se répandait de plus en plus. Le Curé d’Ars posa sur elles son regard pénétrant et leur dit :
«Non seulement votre Congrégation ne disparaîtra pas, mais elle s’étendra à travers le monde. Un jour votre Fondatrice sera sur les autels.»
Quelle merveilleuse perspective ! En entendant le mot de « Sainte », la pensée de la future canonisation de leur Fondatrice redonna espoir à ces sœurs. La Congrégation se développa de plus en plus, preuve du pouvoir dont Mère Emilie jouissait dans le Ciel !
Avant sa mort, Emilie avait fondé 42 maisons. Depuis son départ pour le Ciel, que de demandes sont montées de la terre vers elle ! Et elle continue de répondre avec la grande générosité qui la caractérisait de son vivant. Des miracles furent attribués à son intercession, de sorte que l‘Eglise inscrivit son nom dans le calendrier liturgique des Saints. Elle fut béatifiée en 1939 et canonisée par Pie XII le 24 juin 1951.
Une nouvelle Sainte était née, pour la gloire de ses filles et de l’Eglise universelle.
Les Sœurs de St Joseph de l’Apparition sont maintenant répandues dans le monde. Comme le voulait leur Fondatrice, elles s’adonnent aux œuvres diverses de la Charité qui se trouvaient éparses dans tous les Ordres alors existants. … écoles, orphelinats et collèges, soin des malades : en hôpital et à domicile, service paroissial, foyers, apostolat dans les prisons, service social, rien n’arrête les Sœurs !
Comme le firent nos pionnières s’embarquant pour l’Algérie dans les premières années de la Congrégation, les Sœurs de St Joseph continuent de se dévouer auprès des Juifs, des Musulmans, des Bouddhistes, … avec un dévouement indéfectible :
«Se dévouer et mourir», est la devise que leur avait laissée leur Fondatrice, et elles firent de leur mieux pour la vivre « en vérité ». Les épidémies, les guerres civiles, les révolutions, n’importe quel imprévu les trouve fidèles à leur poste. De plus, la vie qui est la leur est le témoignage le plus sûr de leur Foi et de leur Charité. Et elles savent qui, après Dieu, est pour elles source de courage et de fidélité !